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En territoire d’égalité

Le syndrome de l’imposteur n’y est probablement pas étranger, mais beaucoup pensent qu’il faut taire l’existence des surdoués afin de préserver l’estime de soi de ceux qui ne le sont pas.

Ces gens ont tord et entretiennent justement l’inverse. Nier l’existence de surdoués, équivaut à nier les difficultés de ceux qui ne le sont pas. Nier qu’une disposition naturelle à facilité un individu dans sa réussite sous-entend que seules ses compétences acquises par un travail régulier et impliqué ont permis d’atteindre un résultat. Par extension, un autre individu, qui n’aurait pas produit la même performance, ne devrait son échec qu’à un manque de travail ou de motivation, ce qui n’est pas nécessairement le cas. De nombreuses personnes mènent leur vie sans créer le buzz mais n’ont pas démérité pour autant. Un non surdoué ça travaillerait moins qu’un surdoué, est-ce vraiment une réalité ou une illusion ?

Nier les efforts d’une personne, c’est nier sa contribution même modeste à la collectivité. De là probablement est née une vision commune, au sein de ceux qui ont entrepris, créés ou atteint un confort professionnel, de l’existence de leur alter ego composé de ceux qui se seraient enracinés dans la fainéantise et qui attendraient qu’on les assiste.

Selon les connaissances actuelles sur la réalité des surdoués, il n’y a pas de correspondance entre le groupe des surdoués qui serait également celui de tous ceux qui ont réussi, ni entre le groupe des non-surdoués qui auraient une situation plus modeste, ni entre celui des déficient mentaux qui serait celui de tous ceux qui ont échoué. Il existe des surdoués qui ont réussi, c’est une réalité, mais il y a un grand nombre de surdoués qui ont un mode de vie simple et sans éclat, d’autres qui ont ou connaissent l’échec scolaire, social ou professionnel. Dans le même temps de nombreux non-surdoués atteignent des postes à hautes responsabilités professionnelles dans lesquels ils se montrent efficaces. De nombreuses personnes financièrement riches ont une intelligence dans la moyenne et sans avoir nécessairement hérité ou gagné à la loterie ou volé qui que ce soit.

Si il n’y a pas de correspondance entre la composition des groupes de gens surdoués ou non, réussite ou non, d’où viendrait celle dans le préjugé social sur le fait que seules les compétences acquises par le travail mèneraient à la haute performance des uns ou à la réussite des autres ?

Peut-être est-ce l’histoire commune ? Celle notamment des valeurs auxquelles on a choisit collectivement d’adhérer. Dans un contexte où règne le soucis d’égalité et de justice sociale, reconnaître que l’on ne reçoit pas tous le même bagage à la naissance, que l’on ne soit pas tous pareils en fait, ce serait contradictoire, voir « mal ».

Le syndrome de l’imposteur et son soucis de préserver l’autre, si il est tout à l’honneur de celui qui le ressent, est en réalité hors sujet. Car cet individu qui se préoccupe de son impact sur l’autre est en réalité celui dont l’existence est rejetée ; celui dont certains pseudo-idéalistes et autres petits dictateurs refusent d’entendre parler, car si c’était vrai, si les surdoués existaient, alors ça voudrait dire qu’on n’est pas tous pareils, riches ou pauvres, blancs ou noirs, ou dans notre manière de percevoir le monde et de raisonner intellectuellement. … Et cette idée leur déplait fortement.

Si vous souhaitez respecter l’autre, reconnaître son existence et son impact dans notre collectivité, peut-être vous pouvez commencer par admettre les contraintes avec lesquelles il compose dans la vie.

Alexis, Déc 2016