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Souvenirs de thérapie avec le Diable

Lors de nos premières rencontres je me décrivais comme quelqu‘un ayant réussi et qui croque la vie à pleines dents. Lui relevait la tête en arrière d’un air moqueur « Mais oui bien sûr… ».

Il m’a invité à me regarder dans le miroir, me regarder réellement. J’ai arrêté de contempler le reflet imaginaire sur lequel je fantasmais, et j’ai interrogé le regard que les autres portaient sur moi. « Ok, ça change tout et ça explique des bien choses » je me suis avoué à moi-même.

Il est venu combler des trous dans mon éducation, là où d’autres avaient précédemment abandonné parce qu’ils me pensaient irrécupérable ou juste que je n’en valais pas le coup.

Ensemble on a exploré pleins de gros mots : la « confiance en soi » quand il s’agissait d’affronter mes peurs ; l’ « estime de soi » quand il m’a montré qu’une personne pouvait avoir de la valeur même dans l’échec ; le « lâcher prise » quand certaines réalités ne peuvent être changées ; l’ « assertivité » quand il m‘a fallu faire respecter mes besoins, les  « compétences sociales » quand je me suis dit que moi aussi j’aimerai bien me faire des amis. On a aussi parlé de surdoués, mais ça c’était juste pour le folklore et narguer les autres.

Il a été le témoin et le déclencheur d’un changement en moi, quittant un passé académique pour une renaissance haute en couleurs.

Autant certains psy sont des gros connards, autant lui était plutôt sympa et bien plus abordable que sa réputation le laissait paraître. La seule barrière venait de nous-même, de notre peur par anticipation selon nos suppositions de ce qu’il pourrait potentiellement répondre ou pas, et que finalement on se dégonfle tout seul sans même avoir tenté notre chance d’essayer de l’aborder.

Alors oui, la thérapie chez les surdoués en Belgique c’est un peu spécial. Par exemple en groupe de parole, déjà ça se passe dans une salle de sport, et puis les gens fond que s’amuser de leurs propres travers et rigolent comme des baleines de leurs jeux de mots pourris, tout ça sous la supervision de l’animateur savourant sa bière rituelle.

C’était ce genre d’élève à l’école capable de donner la bonne réponse à chaque fois, mais a qui il ne faut pas demander d’argumenter car lui-même ne sait pas comment il est parvenu à ce résultat. En thérapie, il donnait l’impression de lire dans les pensées des gens. Mais il bottait systématiquement en touche quand on lui demandait d’écrire un bouquin pour expliquer sa méthode.

Il était contestataire et remettait en cause le consensus des élites conservatrices. « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tord, qu’ils ont raison » aimait-il rappeler. (Comprendre « la majorité n’a pas toujours raison »).

Les apparences étaient donc contre lui. Et ses concurrents commerciaux, adoptant un discours pompeux pseudo-scientifique, ne manquaient pas de le démolir sur la place publique : « moi je ne ferais pas comme ça », « il va droit dans le mur », « c’est du grand n’importe quoi », « c’est un type dangereux », « c’est une boite à fric », « c’est un gourou ». Certains, plus curieux, se déguisaient pour venir voir ce qu’il faisait. D’autres envoyaient leur apprentis se former chez lui.  D’autres encore le copiaient pour plus facilement lui voler son job.

Alors oui aussi, il était l’apparence d’un gros hold-up assez bluffant de la thérapie. Pour ma part, j’aurai aimé pouvoir créer une antenne de son activité dans ma région. Ca aurait eu un ton différent, étant d’un tempérament plus modéré et précautionneux. Et aussi parce qu’à l’instar du personnage très rentre dedans qu’il affichait, j’assume et ne masque pas mes faiblesses en public.

Pour résumer je retiens qu’il avait une manière très masculine de faire de la thérapie, dans un milieu professionnel où la majorité des thérapeutes adoptent la maman-attitude. Genre…  t’es un gosse, t’as envie de tester un truc, bien scabreux sur le papier mais tu ne le sais pas encore par inexpérience. Plutôt protectrice, ta mère va chercher à te faire hésiter, pour te dissuader sournoisement, mais avec amour. Ton père : « tu veux tester, mais vas-y testes ! » Tu testes. Tu te vautres lamentablement. Et quand tu reviens vers lui, fièrement il compatis :  «  tu vois, c’était pas une bonne idée ».

Il restera dans ma mémoire quelqu’un de bienveillant qui m’a aidé à me construire et auquel je resterai reconnaissant et loyal pour la vie quelques soient les reproches qu’on pourrait lui porter.

Je garde la nostalgie de nos dernières entrevues, alors que la thérapie n’était plus qu’un prétexte bidon, car j’y allais surtout pour prendre des nouvelles de quelqu’un qui comptait pour moi, et pour l’informer de mes derniers projets dont j’étais fier.

Toute mon amitié inconditionnelle,

Pour Thierry,

La fascination

comment trouver sa vocation

En psychologie, il existe une règle importante concernant les personnes au fonctionnement neurologique intuitif, comme le sont de nombreux surdoués. A savoir que les choix que l’on fait sont fortement influencés par l’humeur du jour, le contexte émotionnel, mais aussi la santé.

Concrêtement, quand vous êtes fatigués ou dans une période de down, toutes vos pensées, vos idées, et vos choix vont vous indiquer le chemin pour vous enfoncer encore plus dans la déprime, vous rappeler vos limites et échecs récurrents, vous tirer vers le bas que ce soit à court mais aussi long terme. La résignation en est souvent le fil directeur et fédérateur.

Tandis que lorsque que vous êtes joyeux, particulièrement en forme et en possession de tous vos moyens, vos idées reflètent l’optimisme, exploitent vos compétences à bon escient. Ces pensées positives sont celles qui vont vous tirer encore plus vers le haut, et justement vous voulez le meilleur pour vous.

Alors bien sûr, il ne faut pas être aveuglé par les pensées idyliques et vivre dans l’utopie. Mais il ne faut pas non plus se flageller et s’interdire de tenter sa chance dès qu’il existe le moindre risque d’accroc, voir d’échec.

Votre idée est-elle la bonne ? Est-elle ambitieuse, ou relète t’elle la sécurité ? Pour répondre à cette question, essayez de vous rappeler votre contexte émotionnel et état de forme physique lorsque vous l’avez eu.

Cette idée dans un coin de votre tête, abordont maintenant ce que prétendent expliquer les théories psy obsolètes concernant les surdoués.

En psychologie académique, tout le monde est pareil à la naissance d’un point de vue neurologique et comportemental. Et c’est par l’expérience, le vécu, l’environnement, familial, scolaire, professionnel et sociétal que les individus commencent à se différencier comportementalement, mais aussi psychologiquement (neurologiquement ils restent pareils). Dans ce contexte, un surdoué, tel que le décrivent des auteurs comme Jeanne Siaud Facchin, ça n’existe tout simplement pas.

L' »ancienne » théorie psy pour expliquer l’existance des surdoués que l’on observe malgré tout, c’est qu’ils surinvestissent intellectuellement, puis scolairement, puis professionnellement pour masquer un traumatisme émotionnel passé qu’ils n’ont su surmonter (s’occuper l’esprit avec du travail pour ne pas penser, ne pas affronter les émotions douloureuses, rester dans le déni), ou qu’ils essaient de compenser (besoin de redorer le blason en affichant une réussite, une volonté de prouver). Les surdoués seraient donc des personnalités fuyantes ou narcissiques ; dans les deux cas, ce sont des névrosés à soigner.

Une conséquence de cette théorie du traumatisme du surdoué est que toutes les actions exceptionnelles qu’ils accomplissent seraient uniquement motivées par des traumatismes dans l’enfance. Par exemple, tous les avocats brillants auraient été, dans leur enfances, victimes eux-même ou témoins dans leur environnement familial proche d’une grave injustice, et se seraient jurés que plus jamais cela ne devait ce reproduire dans la société, d’où leur choix de carrière. Autre exemple, les médecins hors normes, auraient tous, sans exception, fait leur choix de métier parce qu’ils n’ont pas réussi à sauver un proche gravement malade alors qu’ils étaient enfants.

Les travaux de Dabrowski sur les caractéristiques qui unissent les personnalités au parcours exceptionnels, et servent aujourd’hui à définir le groupe des surdoués, présentent une réalité tout autre. Les surdoués n’ont pas en commun d’avoir tous été traumatisés dans l’enfance, d’avoir eu un parcours chaotique et misérable. En revanche ils témoignent d’une sensibilité inhabituelle dès le plus jeune âge ce qui reflète une caractéristique innée et non pas acquise.

Les surdoués n’ont pas besoin d’avoir un trauma dans leur parcours pour réussir. Et si ils en ont, personne n’est à l’abris, ces accidents de parcours ont moins d’impact sur leur avenir qu’ont pourrait le penser. Toutes les observations de professionnels chercheurs et thérapeuthes qui se sont ou s’appuient encore auhourd’hui sur les travaux de Dabrowsky sont unanimes : les surdoués ont une capacité de résilience plus développé que la moyenne. On va même avoir le réflexe de douter d’eux quand on les entends exposer leur parcours tellement ils semblent avoir contournés les conséquences d’un traumatisme, et la rapidité avec laquelle ils ont rebondit.

En vous remémorant le développement initial sur l’influence de l’état émotionnel sur nos choix et notre parcours, pensez-vous qu’une personne, surdouée de naissance ou talentueuse par son expérience acquise, qui témoigne d’un comportement et/ou parcours exceptionnel(s), puisse réellement être motivée par un tramatisme, avoir un échec comme fil directeur de sa vie et de sa réussite ?

Je pense que non. Les surdoués d’apparence « heureuse » ne s’investissent pas à fond dans une passion ou une carrière pour s’autodétruire, mais au contraire parce que ça leur procure du bien-être. Leur pensée positive est flagrante.

J’ai mis heureux entre guillemets car évidemment certains font malgrés tous des choix à partir d’un échec, mais leur parcours est rarement identifié comme brillant par leur contemporains, et leur comportement est souvent perçu comme difficile et reflètent généralement l’insatisfaction.

Des gens que j’ai pu croisés ci et là, les passions dévorantes sont choisies suite à un mécanisme de fascination ; le fameux coup de foudre. Généralement ces personnes sont d’abord témoins d’un événement, activité devant laquelle ils tombent en admiration. La forte capacité d’empathie observée chez les surdoués n’est sans doute pas étrangère à ce mécanisme de la détection du bien-être chez l’autre.  Puis rapidement une deuxième composante intervient : l’identification au modèle pour s’approprier l’activité à son propre compte. Là c’est a capacité à rebondir à faire des choix de vie  rapides et motivés par l’optimisme (la résilience).

Des exemples : Un enfant est témoin d’une intervention de pompiers avec les gros camions et tout le tralalal sensationnel, et veut devenir pompier « pinponpin ». Un jeune garçon de 10 ans zappant aléatoirement s’arrête quelques instants, subjugué, devant un ballet classique sur Arte qu’il regardera finalement jusqu’au bout. Du jour au lendemain, il s’entraine seul dans sa chambre. La semaine suivante, il demande à ses parents (leur métier importe peu) de l’inscrire à l’école de danse locale. L’année suivante, il est accepté à la formation de l’école de l’Opéra de Paris avec le projet de devenir danseur étoile.

La « passion » chez les surdoués, tel que je l’entends, ce n’est pas un simple passe-temps bouche trou, comme collectionner des objets divers suivant la mode du moment. C’est un réel projet de vie qui permet de s’épanouir personnellement tout en prenant une place au sein de la société. La pratique de cette passion peut devenir un métier, mais aussi peut rester un loisir investi et persistant.

Un apparté conte-exemple : les passions « exceptionnelles » que l’on trouve chez les surdoués ne sont pas des « intérêts restreints », sortes de tocs stigmatisants que l’on observe chez les personnes autistes et qui comprend en plus de ces premiers, des activités plus élaborées parfois assimilés à tord aux passions constructives telles que je les décris. Dans les intérêts restreints, il n’y a pas d’intervention de phénomènes d’empathie, identification, résilience que je viens de décrire. Au contraire, c’est l’isolement et l’absence d’interaction avec les pairs qui permettent à ces intérêts restreints de perdurer au fil des décenies chez un même individu.  Ce sont généralement des activités de replis, des réactions de captivité, des mécanismes sensoriels réflexes. Ils n’y a pas de rêve, de pensée constructive : elle trahissent souvent un « manque d’intérêt pour… » ce que font la plupart des gens, les activités conventionnelles. Les intérêts qui « semblent » néanmoins déboucher sur des passions, n’ont pas la possibilité de devenir des métiers tant l’objet de la passion est déconnecté de la société. Il n’est pas rare qu’un intérêt restreint ne soit pratiqué que par une seule personne au monde. L’intérêt porte d’ailleur plus souvent sur des objets (plaque minéralogiques), des concepts abstraits (les nombres), des préoccupations gores (les insectes) ; le point commun étant l’absence de l’humain, de possibilité d’échange avec l’autre. Le fonctionnement neurologique autistique est responsable de ce phénomène, par exemple la méthode d’apprentissage différente de la normale, qui privilégie la détection de structures, de récurrences au milieu du chaos ambiant, là où la normale privilégie le mimétisme avec un modèle (les autres humains).

Les passions « exceptionnelles » ne sont pas non plus des activités de repli et d’isolement  comme celle qui aboutissent à des pseudo « communautés » virtuelles (dont les membres ne se connaissent pas vraiment), ex les jeux vidéo, etc.  qui sont motivées par la fuite de la réalité, la peur d’affronter l’autre ou le fait de ne pas assumer un complexe, l’incompréhension du monde. Les authentiques  passionnés assument tout, n’ont peur de rien, ni du ridicule, ni d’être perçu comme bizarre, ni d’être mis de côté par ceux qui ne comprennent pas ou ne partage pas leur motivation.

Je me répète, mais les surdoués ont une bonne capacité de résilience. Ceux qui ont connu un ou plusieurs traumatisme(s) en ont généralement guéri plus vite qu’ils ne le pensent, ou échappé aux conséquences plus aisément que d’autres.

Les surdoués consultent parfois pensant que leur « traumas » sont responsables de tout. Mais généralement, ceux-ci ont, ont eu, peu d’impact sur le parcours des surdoués quand leur choix de carrière, leur projet de vie, ont été fait par « fascination ». Pour ces gens, la cause de leurs problèmes du présent est ailleurs : dans leur méconnaissance de leur statut de surdoué, leur manque de connaissance sur ce qui les différencie de la normale, et leur manque de maîtrise sur les phénomènes sociaux qu’ils ne comprennent pas toujours car ils ne pensent pas comme tout le monde, et que c’est justement ce même « tout le monde » qui a conçu et donne un avenir à ces phénomènes sociaux.

Seuls ceux qui ont faits un changement de direction important motivé par un accident de parcours, sont aujourd’hui dans une configuration d’autodestruction. Pour ces derniers, le reconstruction sur de bonnes fondations est nécessaire. Première étape, relire son passé pour identifier quand ça à dérappé. Deuxième étape,la plus importante : se donner des opportunités, tester des nouveaux trucs tous azimuts jusqu’à être frappé de fascination.

Pour rester sein de corps et d’esprit, essayez de ne pas trop accorder d’importance à la recherche d’injustice et à la détection de malveillance dont vous seriez victimes. Vérifiez simplement que vous êtes toujours fasciné par ce que vous faites dans la vie.

Alexis,  Septembre 2018

Est-ce une bonne idée d’en parler ?

A/ à son enfant qui vient d’être détecté

Certains professionnels, d’un autre temps pas si lointain, pensent qu’il vaut mieux éviter d’annoncer à un enfant tout juste détecté qu’il est surdoué. La peur du fameux étiquetage qui serait castrateur pour son développement futur. Et puis le risque que ça le perturbe plus qu’autre chose. Et aussi l’effet miroir déroutant : saurez vous répondre à ses questions ? Toutes ces rengaines ont vite fait de dissuader les parents novices du haut potentiel. Ne pas en parler, après tout peut-être passera-t-il au travers. Politique de l’autruche pour les uns, « pas de nouvelle bonne nouvelle » pour les autres.

Au sein des groupes de paroles auxquels j’ai participé au titre de patient, les témoignages rapportés sont divers et variés. Des parents qui consultent des experts pour comprendre après coup le suicide de leur enfant. Des anciens enfants tenus dans l’ignorance et qui se sont crus fous ou débiles toute leur vie, avec un sentiment de gâchis monumental. Attendre que les problèmes arrivent pour en parler, je peux vous dire que certains ont essayé, et ils ont eu des problèmes.

Bon après c’est vous qui voyez ! Vous êtes adultes, et vous seuls serez responsables des choix que vous ferez. Ce ne sera pas moi, ni votre psy attitré ou celle qui a écrit des bouquins, ni votre meilleur ami ou collègue de travail qui sait tout.

Je milite avec d’autres pour la stratégie de la prévention. Donc, d’en parler. Mais aussi d’aider et préparer les gens à en parler efficacement.

Révéler un « drame » (ça l’est pour de nombreux ados en pleine construction qui aspirent à être comme tout le monde de peur d’être exclu), ce n’est pas si compliqué que ça. Un éléphant dans un magasin de porcelaine sait le faire.

Le plus complexe c’est de répondre aux questions que votre enfant se posera. Car il faudra y répondre, avant que son imagination ne le fasse à votre place. Et bien sûr, il se les posera également si vous décidez de ne pas lui révéler sa douance. Quelques exemples :

– En l’absence de réponse à la question « qu’est qui fait que je ne suis pas comme tout le monde ? », certains enfants en viennent à la conclusion qu’ils sont des extraterrestres.

– En l’absence de réponse à la question « pourquoi les autres ne m’acceptent pas comme un des leurs », d’autres enfants en viennent à la conclusion qu’ils sont insignifiants et qu’ils ne méritent pas d’être heureux.

– En l’absence de réponse à la question « pourquoi a-t-on peur de moi? », d’autres encore, ou les mêmes aussi parfois en viennent à la conclusion qu’ils sont des monstres.

– « On me félicitait constamment pour mon travail bien fait, puis sur quelques mois de temps, mes résultats scolaires chutent alors que je fais pareil que d’habitude ; Suis-je devenu « normal ? ; Suis-je punis par mon karma pour avoir mal agit ? Suis-je devenu mauvais ? ».

– Dans un autre style, « pourquoi les gens ne me comprennent pas / ou rigolent de moi ? », mais parce que ce sont des cons insignifiants pardi ! Il ne me méritent pas.

– Ou encore, « Pourquoi vous me demandez vous de suivre la même chemin de vie que vous, alors que ça vous rend malheureux ; Me voulez-vous du mal ; Ou alors êtes vous des gens stupides, j’ai été adopté et on a rien en commun du point de vue génétique ? »

– Il y aussi des questions plus légères que je vous épargnerai, comme les superpouvoirs, l’absence de nécessité de continuer à aller à l’école, ou l’envie d’être dictateur du monde libre.

En parler oui, mais pas d’urgence non plus. L’enfance et l’adolescence, ça dure plusieurs années. Vous avez le temps de voir venir, d’y aller par étape, et surtout de vous préparer. Répondez à ses questions, mais uniquement à ses questions. Evitez de lui soumettre des questions que son niveau de maturité ne se pose pas encore. Au besoin, si vous ne comprenez pas son problème du moment demandez lui quelle(s) question(s) il se pose ? Qu’est-ce-qui le préoccupe ? Le tout dans un climat de confiance, au calme (=sans hurler) et en s’abstenant de pouffer de rire si la préoccupation vous surprend.

Formez-vous à la psychologie des surdoués, afin de faire des choix d’éducation en connaissance de cause.

Faites aussi un peu de thérapie pour vous-même, si vous venez d’être traumatisé à l’instant par les questions d’enfants que je viens de mentionner ou du moins n’êtes pas au clair avec votre propre douance.

Les difficultés ne sont pas si insurmontables que ça quand on est bien préparé et que l’on connait le pourquoi du comment, les implications des diverses options, etc, etc.

Il n’y a pas de situation idéale. Chaque option à ses avantages et ses contraintes à gérer. Les problèmes surviennent généralement sur les choix que l’on assume pas. Par exemple faire tester son enfant parce qu’on souçonne que ça pourrait être la source de ses difficultés ; puis quand on reçoit la confirmation par un expert, on revient en arrière en décidant de ne pas en parler et de ne pas utiliser toutes les connaissances et solutions acquises par d’autres sur le sujet.

 

B/ à un proche famille, amis, collègue qui s’ignore être surdoué

Quand cette idée vous vient à l’esprit, vous êtes généralement dans la phase euphorique des novices. Ceux qui viennent de se découvrir surdoués, ont eu la révélation de leur vie.

Après probablement toute une vie d’errance et d’isolement, vous vous sentez « enfin » appartenir à un groupe ou tout le monde pense pareil (en théorie et selon vous). Vous voulez partager votre bonheur autour de vous et en faire profiter vos amis, ainsi que vos compagnons d’infortune auxquels vous vous identifiez encore récemment. Armé de votre fraicheur candide, vous vous préparez à révolutionner leur vie. Mais voila d’autres avant vous ont essayé, et ils ont eu des problèmes.

Annoncer à un adulte « qui n’a rien demandé et ne cherche pas d’aide » qu’il est surdoué, c’est plus complexe encore qu’à un enfant. Divers facteurs interviennent, comme le caractère plus affirmé, moins docile qu’un enfant, ou l’histoire plus longue de la personne, de sa variété d’expérience de la vie, pas forcément la même que pour vous.

En l’absence de réponse à leurs nombreuses questions ou de retour fiable et régulier sur leur comportement, trop d’adultes non détectés ont laissé leur imagination altérer leur perception de la réalité. Quelques exemples :

– Certains adultes continuent de vivre au pays surprotégé et aseptisé de Disney… et sont traumatisés par le moindre nuage dans leur beau décors.

– D’autres sont passés du côté obscure de la force et torturent leur proches pour se sentir aimer et exister.

– D’autres ont tout simplement renié leur identité, font semblant d’être comme tout le monde et considèrent ceux qui ne font pas les mêmes efforts qu’eux comme des nuisibles qui méritent leur détresse.

– D’autres ont tant galéré que ce serait injuste que la génération suivante y échappe.

– D’autres se sont professionnalisés dans la maladie, ils ont eu bien du mal pour obtenir des certificats et ne se sentent pas prêt de tout recommencer pour une autre étiquette.

– Les plus nombreux ont trouvé tant bien que mal un semblant d’équilibre dans leur vie, et ne veulent pas le remettre en jeu au risque, si ils le perdent, de ne pas savoir en reconstruire un autre. Il y a comme une peur du saut dans l’inconnu. Si bien que cela devient préférable de rester volontairement dans une situation parfois merdique, mais à laquelle on s’est habituée, on en connaît les rouages et on sait gérer, voir on y trouve un certain charme. Alors que être heureux et accomplir ses rêves, il paraît que c’est pas toujours la joie.

– etc, etc ; on peut en répertorier des dizaines de profils dont des bien plus positifs, mais vous n’avez pas besoin de moi pour les imaginer. Par exemple, il y a « les vrais surdoués qui vont bien » : eux ils n’ont pas essayé la thérapie, comme ça ils sont sûr de ne pas avoir de problème ; si rien n’est testé, rien de pathologique ne peut être détecté CQFD.

A un moment ou à un autre de leur vie, les divers profils de surdoués ont tous eu leur pensées occupées plus ou moins par les mêmes questions sans réponse. En revanche leur imagination, leur cadre de vie, leur motivation les ont emmené dans diverses directions.

Le drame pour de nombreux novices de la douance, c’est que le monde des surdoués est d’une grande diversité. Celle-ci est même encore plus grande que la diversité chez les normo-pensants (=personne dans la norme, ou non-surdouée). Quand vous abordez un proche, gardez toujours à l’esprit que ce qui a fonctionné pour vous, ne va pas nécessairement fonctionner pour « tous » les autres.

Le mieux pour affronter avec succès, cet exercice de l’annonce de votre ou de sa douance à un tiers adulte, c’est d’utiliser cette fameuse empathie. Commencez par vous informer sur son histoire en lui posant des questions innocentes, puis écoutez sa réponse. Il vous donnera tous les renseignements pour savoir comment agir avec lui, ou au contraire, il vous dissuadera de faire quoique ce soit. La plupart des gens ont juste envie d’attention, d’être écouté et entendu, pas qu’on leur apporte la bonne parole.

Peu d’adultes ressentent le besoin et/ou ont envie d’être « recadré » en profondeur par l’annonce d’une douance avec tout le travail thérapeutique de calibrage qui s’en suivra. Pour certains, c’est le bon moment, ils sont prêts, d’autres pas, ou pas tout de suite.

Seule une minorité de futurs bergers en herbe fait le choix de s’informer vraiment. Ce n’est pas un drame en soi, et puis rien n’empêche les bergers de se faires des délires entre eux de temps à autre.

Alexis, Juillet 2018

Accepter d’être différent

Trop de personnes perçoivent l’absence d’efforts pour être essayer d’être (ou paraître) normal comme un comportement nocif de laisser-aller, une forme d’abandon.

Ceux-ci ignorent certainement, par manque d’expérience de la vie, que le renoncement n’est pas nécessairement une faiblesse.

Renoncer à poursuivre dans une voie sans issue, demande une aisance mentale à prendre de la distance vis-à-vis des événements et de soi-même.

Ne pas se laisser diriger malgré-soi par notre propre psychorigidité, nos propres certitudes est un combat permanent et s’affronte avec courage et une motivation en béton sous-jacente.

Ne pas insister dans l’erreur, c’est assumer l’échec…

Assumer l’échec c’est fermer une porte pour en ouvrir une autre en évitant les courants d’air (ou interférences)…

Ouvrir une nouvelle porte, c’est rebondir vers autre chose de tout aussi valable, voir meilleur…

Rebondir, c’est être résilient…

Être résilient, c’est être un crach…

Et être un crach, c’est avoir un haut potentiel de développement…

Avoir un grand potentiel devant soi, c’est avoir des perspectives de réussite non négligeable…

Quand on a la réussite devant soi, très souvent on l’a aussi derrière soi et maintenant…

Quand on réussi à bien échouer comme il faut, on a une bonne estime de soi…

Quand on a une bonne estime de soi, c’est plus facile d’être heureux.

Quand on est heureux, on rayonne et on s’en fout de se que disent les gens qui ne pensent pas comme nous…

Quand on rayonne radioactif, on contamine les gens qui pensent pas comme nous qui se mettent alors à penser comme nous…

La faute à leur instinct de mimétisme qui les conditionnent à imiter les gens biens autour d’eux, en incluant ces mêmes gens différents qui innovent en faisant des trucs complètement asociaux de prime abord…

Quand tu cherches pas à t’intégrer à tout prix, t’es un électron libre…

Quand t’es un électron libre, t’es un créatif qui invente sa propre voie…

Quand t’es créatif, t’es utile…

Quand t’es utile, t’as un bon salaire…

Quand t’as un bon salaire, on dit que tu réussies dans la vie…

Quand tu réussies dans la vie, les gens te donnent le droit de donner ton avis…

Quand on te donne le droit de ramener ta fraise, tu ne te gènes pas de le faire…

Et quand t’as aucun complexe à afficher une différence, tu le fais…

S’afficher, c’est souvent perçu comme de la vantardise…

Narguer les autres, ce serait plus un vice qu’une faiblesse…

Et souvent les agresseurs dérangent moins que les victimes…

Accepter d’être différent, c’est se battre contre la pensée castratrice de gens qui pensent qu’on est tous pareil…

Par exemple, les visionnaires d’un monde idyllique, d’une communauté pacifiste de partage en symbiose absolue entre les êtres humains tous égaux, explosent parfois de colère et seraient presque prêt à tuer pour faire disparaître tout ce qui pourrait prouver l’existence du contraire…

Affronter des monstres, c’est être un héros…

Les héros dans les films, ça a des super-pouvoirs…

Mais les héros du monde réel, finissent souvent au cimetière ou en prison…

La prison, c’est pas toujours confortable, même quand elle est dorée…

Mais parfois, c’est choses sont telles qu’on n’a pas vraiment l’option d’être et de faire comme tout le monde…

Quand on est marginalisé, on cherche les autres fans de Jean-Paul Belmondo pour se faire des films et des délires ensemble…

Ou alors, si les fans sont vraiment trop tarés, on explore le Far-West comme Lucky Luke…

Quand on commence à trouver de la fantaisie dans sa propre condition, c’est là qu’on commence à en vouloir plus, et à assumer un choix de vie…

Tout ça pour dire que souvent, il est préférable d’accepter d’être perçu comme bizarre et de bien vivre dans la marge plutôt que d’accepter la torture d’être mal intégré, notamment en tentant de se faire passer pour quelqu’un d’autre.

Alexis, Juillet 2018

Voir et reconnaître l’autre n1

Parfois, on se sait pas vraiment pourquoi sur le moment, mais lorsqu’on rencontre une nouvelle personne, on se dit « Tiens il/elle est comme moi ! ».

Pareil, dans la rue on croise des gens au hasard, et on se dit intérieurement « Elle est belle », « Il est con », « Je l’aime pas », « Il est gay », « L’intello de service celle-là », « Ténébreux celui-là ? » Pas besoin de leur faire passer un bilan psychologique complet. On sait à qui on a affaire au premier coup d’oeil, pourvu qu’on ait un minimum d’expérience sociale dans la vie.

Pour les surdoués, « il » paraîtrait que c’est différent. Impossible de l’affirmer si on n’a pas fait passer au suspect une batterie de tests encadrés par un professionnel (ou équipe pluridisciplinaire, soyons à la mode) dûment diplômé par l’académie de l’intelligence sérieuse et auto-assermenté par un réseau de gens qui prennent possession d’un marché dont ils s’estiment seuls légitimes à s’occuper. Les gentils clients étant ce qu’ils sont, ils revendiquent et se soumettent fièrement à cette petite manipulation qui a notamment l’intérêt de les aider à entretenir l’illusion d’un monde parfait où tout le monde est honnête comme ils pensent l’être eux-même ».

Il faut reconnaître cependant, que s’installer comme professionnel, n’est pas si simple que ça, et que malheureusement, il est difficile de se démarquer des pratiques courantes sans s’auto-saboter. Les professionnels se débattent comme ils peuvent avec les traditions et les corporatismes pré-existants qui se renouvellent de génération en génération alors que bon nombre se demandent d’où ça vient, et pourquoi on les garde si c’est pas bien. Un phénomène de psychogénéalogie collective est à étudier sur la question.

Quoiqu’il en soit, même si le professionnel, se plie à la petite comédie des tests officiels pour être en règle avec la paperasse, il sait néanmoins dès le début de l’entretien à qui il a affaire quand il reçoit un nouveau client/patient (si c’est pas le cas, fuyez !).

… Et les patients, eux-même, ont la capacité de se reconnaître entre eux. Pourvu qu’ils soient lucides sur le moment ; la prise de substances (ça déforme les perceptions) ou le conditionnement psycho-éducatif (ça biaise les interprétations des perceptions) étant bien entendu des obstacles souvent redoutables, quoique.

Disons que dans un contexte où on cherche à comprendre et maîtriser notre raisonnement de A à Z, afin de le coucher sur papier pour pondre une attestation par exemple, c’est vrai que c’est utile d’avoir quelque connaissance théoriques, c’est à dire de savoir ce que l’on cherche et quels critères sont réellement efficaces.

Puis, il y a l’empathie. Un phénomène psycho-intellectuel dont la science connaît encore assez mal les rouages, mais qui laisse régulièrement ici ou là des traces de son existence. C’est, plus qu’une simple intuition, une forme de perception inconsciente qui nous donne des informations sur l’autre, et notamment son état émotionnel.

L’intérêt dans une situation thérapeutique, est que l’empathie agit comme un système de sécurité indépendant de notre volonté. En dehors de traumatismes ponctuels, les personnes en souffrance ont souvent été conditionnées toute leur vie par une éducation collective inadaptée, ou encore avoir été manipulées dans le but de les maintenir en échec, au point que la plupart de leurs raisonnements ne se construisent plus que sur des préjugés tous les plus faux les uns que les autres. Malgré ça, leur capacité d’empathie continuera de leur donner les informations fiables, les seules en vérités, tels des grains de sables dans les magnifiques rouages de la vision artificielle de la réalité qu’elles se sont construites au fil des ans. L’empathie, sera ici la petite voix intérieure qui leur dira « cela ne correspond pas à ce qu’on t’as appris ou à tes valeurs, mais va y quand même », ou inversement « cette personne de bonne réputation te veux du mal, ne la suis pas », etc.

Il ne faut pas nécessairement chercher à comprendre les informations obtenues par empathie. Invariablement, on a la mauvaise habitude de chercher à les faire rentrer dans le moule de ce que l’on sait déjà et qu’on souhaite intérieurement entretenir. L’empathie, il faut simplement la vivre, l’accepter et la suivre inconditionnellement.

Mon conseil du jour : « Si votre tête n’y croit pas, mais que votre coeur pense avoir la bonne personne en face de vous, suivez-là sans vous retourner ! »

Alexis, Déc 2016

PS: pour ceux qui n’en dormiraient pas de la nuit, si il y a un « n1 » dans le titre c’est parce que je tease un n2 étant donné que cet article n’est pas tout à fait celui que je voulais écrire à l’origine, ça devait parler de la solitude, mais que je le garde quand même vu que je l’aurai sans doute prévu d’écrire plus tard, faut pas gâcher.

Théorie et projet pédagogique

THEORIE, DEFINITION

Dans les années 1960-80, le psychologue Dabrowski K. (1902 – 1980) propose un nouveau modèle de compréhension et d’accompagnement des personnes à haut potentiel de développement, basé sur l’observation de personnalités exceptionnelles de son temps.

Selon cette théorie, ces individus ont en commun un comportement psychologique fondamentalement différent de la normale. Continuer la lecture de Théorie et projet pédagogique